Construction de plancher à l’aide de voutains en terre crue

par | 3 Avr 2024

Alternative aux entrevoûts traditionnels – ou dans une version plus écologique au placoterre, les voûtains peuvent se construire de différentes manières.

Une technique classique consiste à maçonner des matériaux au format de briques. La terre cuite est couramment utilisée, par exemple le format 22x11x5.5 cm en Asie centrale, mais on peut tout aussi bien employer des briques de terre crue pour les mêmes fonctions. Les exemples présentés ici sont d’ailleurs réalisés en briques de terre crue de format identique.
Pour la structure du plancher, on peut utiliser par exemple des IPN en acier avec un entraxe maximum de 80cm, qui ont l’avantage de présenter un profil tout à fait adapté à l’intégration de voûtains. Un entraxe plus important implique une flèche plus importante, mais reste tout à fait réalisable. Par exemple dans le métro parisien, on trouve des voûtains en briques de terre cuite jusqu’à environ 1,50m d’entraxe. L’emploi d’éléments en bois pour remplacer les IPN en acier – avec le même profil – est également possible.

Le mortier de montage est composé de terre et de plâtre, afin d’accélérer la prise. Les briques sont en contact à l’intrados, tandis que des cailloux de taille adaptée sont insérés à bain de mortier à l’extrados du voûtain. On parle aussi de clefs. Cette technique permet de bloquer l’ensemble de la maçonnerie : tous les éléments sont calés entre eux et ne peuvent plus bouger. Une fois la prise effectuée, et l’ensemble des voûtains maçonnés, on peut monter dessus sans danger.

Une alternative aux voûtains maçonnés décrits ci-dessus consiste à fabriquer des voûtains d’un seul bloc, réalisés dans des moules sur mesure. Ces éléments sont constitués de terre crue et de fibres, et sont armés par exemple à l’aide de roseaux de diamètre adapté. Dans cette configuration, la fabrication des éléments est certes plus technique, mais on réalise un gain de temps et de matière lors du montage (moins de mortier). Dans notre exemple, la flèche de ces voûtains fait 3cm. Cela permet d’obtenir un plafond plat après les passes successives d’enduit, qui recouvre également les IPN. On peut aussi tout à fait laisser ces voûtains apparents, en soignant simplement les joints.

Au niveau du plancher, on aménage ensuite un dispositif visant à répartir les charges uniformément, par exemple un tapis de roseau de 1cm de diamètre. Cela permet d’éviter tout poinçonnement sur les voûtains. La mise à niveau peut ensuite être réalisée avec un granulat fin tel que du sable, puis une chape à base de chaux ou de ciment de 5 cm qui peut enfin recevoir la finition (carrelage, parquet, etc.). Le complexe total de plancher présente une épaisseur inférieure à 30cm, ce qui correspond à un plancher poutrelle hourdis classique, mais le ressenti en terme d’isolation phonique et d’inertie est nettement amélioré.

Quelques précautions sont à prendre. Lors de la mise en œuvre, il est essentiel que tous les éléments en terre crue soient bien secs, de manière à éviter des retraits postérieurs à la mise en œuvre. De plus, il est important de préserver ces ouvrages de toute source d’humidité, même si la chape et le carrelage constituent une protection partielle.

Ashmat frot

Le travail d’une vie à votre service

Ayant consacré la majeure partie de ma vie professionnelle à la recherche appliquée et au développement de l’architecture de terre à l’Université Polytechnique de Kaboul, je met à la disposition des professionnels de la construction et du grand public mon savoir-faire et mon expérience, avec une pensée spéciale pour les futurs étudiants afghans qui malheureusement n’ont plus accès à ce centre pour des raisons politiques.

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